Né d’une nécessité de réinvention et d’un désir d’exploration, le festival Regards Satellites s’affirme comme un espace de résistance, de redécouverte et de mise en partage. Héritier des Journées cinématographiques dionysiennes, il prolonge au cinéma L’Écran une histoire profondément ancrée à Saint-Denis : celle d’un cinéma engagé, attentif aux enjeux politiques, sociaux et esthétiques de son époque.
Si L’Écran est le cœur battant du festival, son point d’ancrage historique et symbolique, Regards Satellites a vocation à rayonner au-delà de ses murs. Chaque année, le festival se déploie également dans d’autres cinémas de Paris et de la banlieue, qui rejoignent la programmation au fil des éditions, tissant un réseau de salles complices et engagées. Cette circulation des films et des idées est au cœur du projet : faire dialoguer les territoires, les publics et les regards.
Regards Satellites ne se contente pas de défendre une certaine idée du cinéma : il explore des territoires encore peu visibles, où la représentation devient un enjeu politique autant qu’esthétique. Le festival met en lumière celles et ceux qui œuvrent à visibiliser et transmettre des réalités sociales, des existences marginalisées, des luttes contemporaines et passées, des territoires et populations colonisées, des langues peu usitées, ainsi que des métiers dits « de l’ombre » du cinéma.
Pour sa quatrième édition, Regards Satellites se déploie sous les bannières « Écrans libres » et « Constellation militante ». Une invitation à penser le cinéma comme un espace collectif, poreux, traversé par des voix multiples et des formes audacieuses. La programmation propose une compétition internationale de longs métrages, des avant-premières, des rétrospectives, des séances spéciales, des tables rondes, des programmes de courts métrages, ainsi que de nombreuses rencontres et échanges avec des cinéastes et professionnel·les du cinéma au regard insoumis.
Aux côtés de la compétition dédiée aux premiers et seconds films, le festival explore les œuvres marquantes de ses invité·es à travers des cartes blanches intitulées « Écran libre », favorisant une programmation collective où circulent les regards et se créent des correspondances inédites. En regard des rétrospectives de cinéastes ayant marqué le cinéma par leurs œuvres à la marge, le festival interroge les manières de faire cinéma indépendant aujourd’hui : comment créer hors du sérail, organiser le travail collectif, inventer des modèles plus éthiques et inclusifs, et faire exister des réalités diverses à l’écran comme sur les tournages.
L’affiche de cette quatrième édition, réalisée par Aude Bertrand, incarne pleinement l’esprit du festival. On y découvre un paysage européen traversé par un train aux rideaux fermés, à la fois aveugle et sourd au vacarme du monde. Une image qui dit l’inquiétude, la peur et le danger de l’époque, mais surtout le besoin urgent de se réunir, de regarder ensemble et de penser la suite.
Illustratrice et autrice de romans graphiques, diplômée en études cinématographiques, Aude Bertrand puise dans son amour du cinéma une grande part de son esthétique. Son univers sensible, fait de lignes fines, de couleurs feutrées et d’un surréalisme discret, dialogue avec les thèmes chers au festival : l’attente, le quotidien, l’intime et la puissance politique des récits.
Regards Satellites s’inscrit ainsi pleinement dans l’histoire et l’engagement du cinéma L’Écran, tout en affirmant une ambition plus large : celle d’un festival en mouvement, ouvert, collectif, qui fait du cinéma un espace de rencontre, de réflexion et d’émancipation.
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